Henri Emmanuelli, chef de file des «nonistes» en 2005, a eu droit à un tête-à-tête. Mais d’ordinaire Bernard Cazeneuve fait dans le tir groupé pour effectuer la mission que lui a assignée François Hollande : ramener au bercail de la majorité les réfractaires au traité européen.
Depuis la fin de l'été, le ministre aux Affaires européennes additionne les rencontres par paquets de parlementaires socialistes et écologistes. Lundi, à deux semaines du débat à l'Assemblée nationale, il a atteint le cap de la moitié des députés PS passés par son immense bureau d'angle du Quai d'Orsay ou installés à sa table pour des agapes explicatives. Toujours un mélange de partisans du oui et du non pour faire naître le débat. Et, à chaque rencontre, le même plat de résistance paradoxal : réussir à vendre l'avenir - la réorientation de la construction européenne - en passant un deal sur le passé - le traité lui-même. «Le traité est un sujet d'hier, explique-t-il à Libération. On ne va pas focaliser sur un texte qui est un héritage, même si on l'a corrigé de façon exogène, ce qui rend la politique future très différente.» «Il veut convaincre mais il n'est pas dans la dramatisation du TSCG», confirme la députée écologiste Barbara Pompili.
Parce qu'entre la campagne présidentielle et le vote de début octobre, il y a eu le sommet européen de juin et l'adjonction d'un «pacte de croissance» de 120 milliards d'euros. En 2005, «on nous a toujours reproché de ne pas a