Menu
Libération
Interview

Philippe Portier : «L’Eglise reconstitue sa légitimité via la politique de la vie, du corps et du genre»

Article réservé aux abonnés
Philippe Portier directeur d’études à l’Ecole pratique des Hautes Etudes (Paris-Sorbonne)
publié le 20 septembre 2012 à 19h06

Philippe Portier est directeur d'études à l'Ecole pratique des Hautes Etudes (Paris-Sorbonne), où il occupe la chaire «Histoire et sociologie des laïcités». Il a publié récemment, avec Brigitte Feuillet, Droit, Ethique et Politique, De l'âge théologique à l'âge bioéthique (Bruxelles, éd. Bruylant).

Lorsque Philippe Barbarin, cardinal archevêque de Lyon, déclare que le mariage homosexuel ouvrirait la voie à la polygamie et à l’inceste, parle-t-il en son seul nom ou au nom de l’institution catholique ?

Je vois un partage des rôles entre le cardinal Barbarin et le cardinal archevêque de Paris, André Vingt-Trois. En tant que président de la Conférence des évêques de France (CEF), le cardinal Vingt-Trois assume une fonction institutionnelle. Ses interventions le montrent enclin au compromis : ses contacts avec le gouvernement, explique-t-il, «peuvent être de nature à infléchir le contenu du projet de loi». Le cardinal Barbarin, en s'exprimant dans le registre de la protestation indignée, exerce quant à lui, sur ce dossier, une fonction plus tribunitienne. Sur le fond, la doctrine est la même, rappelée dans la «Prière pour la France» le 15 août dernier : le mariage unit un homme et une femme.

Qui est Philippe Barbarin ?

Un clerc qui correspond tout à fait aux critères actuels de l'Eglise catholique. Ce n'est pas par hasard s'il a été promu par la filière Lustiger. Il associe deux des traits de la nouvelle génération épiscopale. Moderne dans la forme, résolument identitaire sur le fond. Ses déclarations sur le mariage homosexuel le montrent clairement, lorsqu'elles font prévaloir la loi de Dieu sur l'autonomie des hommes. Une sorte de catastrophisme habite parfois ses propos, à travers l'argumen