La «deuxième phase» a-t-elle enfin trouvé sa qualification ? Le tournant pris par la politique gouvernementale avec le blocage des prix et des salaires, c'est «de l'austérité», avaient cru penser les observateurs. Le mot était trop dur. Pendant les dix-huit mois qui nous attendent, on fera «de la gestion», avait cru rectifier Pierre Mauroy. Le mot n'était pas exaltant. «La deuxième phase, c'est celle de la reconquête», a lancé François Mitterrand hier dans ce que l'on n'appellera plus que «le discours de Figeac». Sacrebleu, voilà qui est parler.
L'économie étant sans doute chose trop sérieuse pour laisser les «gestionnaires» en parler, le chef de l'Etat avait délibérément pris le parti de donner un peu de chair, un peu de souffle, aux concepts abstraits qui s'incarnent en général en des chiffres incolores. Abstraits et souvent désagréables. Le pari mitterrandien, sans nier «la rigueur et l'effort» que «la nation doit accepter», c'était en somme de transformer en conscience positive et exaltante l'expérience douloureuse des faits auxquels la gauche a été confrontée. Et quoi de plus mobilisateur pour une «nation», une «patrie», a cru devoir préciser le chef de l'Etat - que les «idées simples» qui caractérisent sa volonté, empruntées au vocabulaire guerrier :«résister» et «conquérir» ?
Le discours présidentiel était annoncé à l'avance, à son de trompes élyséennes, comme dev