Les voici sur le point de s’asseoir autour de la table dressée pour le déjeuner de rentrée qui réunit députés et sénateurs UMP. Depuis vingt ans qu’ils se connaissent, Jean-François Copé et François Fillon ont dû se croiser et se saluer des centaines de fois. Mais hier, aux journées parlementaires organisées à Marcq-en-Barœul (Nord), leur furtive poignée de main est filmée comme un événement considérable.
Conscients du grotesque d'une situation qui les rabaisse au rang de mauvais acteurs de politique-spectacle, les rivaux prennent le parti d'ironiser : «On peut aussi s'embrasser», souffle Fillon en se tournant vers les caméras. «Ne les tentons pas», réplique Copé. Dans une ambiance tendue, ils se retrouveront en fin de journée pour s'exprimer tour à tour devant plusieurs centaines de militants déchirés.
Clin d'œil. Chacun est venu avec sa claque. Celle de Jean-François Copé, équipée de mégaphones, est nettement plus bruyante. Un grand moment d'hypocrisie où chacun se trouve obligé d'entendre, voire d'applaudir, les vacheries distillées dans les discours. «Etre un homme d'Etat, ce n'est pas donné à tout le monde», glisse Copé au détour d'un hommage à Nicolas Sarkozy. Souriant, Fillon encaisse, les yeux au ciel. «Jamais je ne vous appellerai à voter socialiste !» s'exclame encore le député-maire de Meaux, suggérant que son rival, assis à ses côtés, serait susceptible de «céder au politiquement correct» en appelant, le