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EDITORIAL

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publié le 2 octobre 2012 à 22h06

Cela faisait un sacré bail que l’on attendait pareille occasion : un Premier ministre devant l’Assemblée au grand complet pour parler de l’avenir de l’Europe, au moment même où celle-ci se trouve confrontée à une crise politique et stratégique profonde. Et donc à des choix radicaux. Alors qu’en Allemagne, en Italie ou en Espagne, ce débat fait rage et passionne depuis des mois les opinions publiques, le silence et la gêne français font toujours figure d’exception, pour ne pas dire d’anomalie fâcheuse. Comme si ce pays réputé pour sa passion ardente des idées avait choisi de passer son tour et refusait de se livrer, tétanisé par l’enjeu. Jean-Marc Ayrault semblait avoir de bons arguments pour briser la glace. Les sujets européens lui sont familiers et il avait l’opportunité d’acquérir en les évoquant la dimension qui lui fait encore défaut. Las ! Les considérations de petite politique l’ont emporté. Le Premier ministre a préféré ne prendre aucun risque et s’en tenir à un niveau de généralité qui n’a fâché personne. Ni dans son gouvernement, ni dans sa majorité. De peur des divisions, il a oublié sa vision. Les grandes options - quel fédéralisme ?, quelle solidarité partagée ?, quel contrôle démocratique ? - n’ont pas même été présentées, comme si la gauche au pouvoir refusait de participer pleinement à l’élaboration du débat démocratique. Ayrault n’a pas levé le voile sur ce que François Hollande entend par la sibylline «intégration solidaire». Ce n’est pas ainsi que les Fran