L’histoire a parfois des hoquets cruels. Rappelons-nous : c’était à la fin des années 90. La France de Lionel Jospin connaissait des rythmes de croissance de plus de 3%. Et Dominique Strauss-Kahn, alors ministre de l’Economie et des Finances, réunissait devant son ministère 100 start-uppers pour une photo souvenir. Au nom de la mobilité sociale et de la lutte contre la rente, la gauche défendait les stock-options, l’esprit d’entreprise et les baisses d’impôts. Puis il y a eu l’éclatement de la bulle Internet, dix ans de droite et la plus grave crise financière depuis l’après-guerre.
Désaveu. Si le PS a pris ses distances avec la mirifique nouvelle économie, François Hollande a fait des PME la grande priorité de son projet de redressement productif. Pour au moins deux raisons.
Politique, d’abord : la petite entreprise, largement épargnée par les dérives de la financiarisation à outrance des grands groupes et des salaires exorbitants de leur patron, a toujours joui d’une bien meilleure image dans l’opinion publique.
L’autre raison est d’ordre économique : le tissu productif français souffre depuis longtemps d’un manque de PME suffisamment fortes pour exporter, embaucher et innover. A l’aune de cette ambition, la fronde des Pigeons et la brusque reculade du gouvernement sonne comme un cruel désaveu.
Que François Hollande et Jean-Marc Ayrault subissent la mauvaise humeur du grand patronat, c'était plus qu'attendu. Et peut-être même espéré par une partie de la gauche