Photo David Richard. Transit.
«Intimidation», «climat délétère», «insultes et bagarres». En quelques semaines, les 1 650 habitants de Sumène, commune cévenole du Gard, ont été plongés dans les eaux nauséeuses de «la stratégie de la tension» instaurée par l'extrême droite pour s'implanter en milieu rural. Jamais ce paisible village réputé pour sa tolérance, à la population brassée, n'aurait imaginé connaître pareille tempête. Le couple de résistants Lucie et Raymond Aubrac y avait élu domicile. Ils appréciaient la beauté du site dominé par les crêtes de calcaire, les châtaigniers, et les rues aux arches médiévales bordant les rives du Rieutord. Mais la présidentielle puis les élections législatives ont rompu cette harmonie. Et révélé la fragilité du «vivre ensemble». La percée du Front national (FN) a en effet cristallisé une opposition - devenue violente - entre certains villageois dits «de souche» et des néoruraux, désignés comme des «rabas» («blaireau», en occitan) par les militants de la Ligue du Midi, un groupuscule très actif localement qui s'inscrit dans la mouvance du «Bloc identitaire».
Des esprits échauffés
Arrivée en tête dans le Gard face à Nicolas Sarkozy et François Hollande - un cas unique lors de la dernière présidentielle - , Marine Le Pen et ses amis frontistes ont décrété ce territoire «terre de conquête». Plus au sud, en Camargue, l'avocat Gilbert Collard a été élu député. Dans les Cévennes, c'est une épicière de Sumène, Sybil Vergnes, dont per