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Analyse

Un Premier ministre prié de s’émanciper

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Rarement le couple exécutif aura été aussi proche et peu complémentaire.
Jean-Marc Ayrault, le 25 septembre 201 à l'Assemblée nationale. (Photo Laurent Troude pour Libération)
publié le 14 octobre 2012 à 21h56

En couple, il en va en amour comme en politique : pour durer, un peu de distance ne fait pas de mal. C'est une loi de la Ve République : le couple président-Premier ministre s'est presque toujours construit sur la complémentarité politique et/ou l'altérité psychologique. C'est le fameux : «Lui, c'est lui, et moi, c'est moi», théorisé par Laurent Fabius, alors Premier ministre de François Mitterrand. Même si en l'occurrence cette mise à distance n'avait pas grand-chose de politique. Mais, pour exister, Fabius a vite compris qu'il lui fallait s'affranchir de la tutelle écrasante de son mentor. On pourrait multiplier les exemples : Miterrand-Mauroy ou Rocard, Chirac-Raffarin, Sarkozy-Fillon… c'est la même recette : assembler des histoires politiques différentes pour mieux rassembler. A l'exception peut-être d'un Chirac-Juppé, le couple Hollande-Ayrault est l'un des rares à avoir osé la gémellité politique.

Identité. Tous deux sont l'incarnation (longtemps minoritaire dans l'histoire de la gauche française) de la social-démocratie, à la fois européenne et décentralisatrice. «C'est le grand paradoxe de Hollande : faire le choix de Ayrault, c'est le choix d'un hyperprésident. S'il voulait vraiment que le pouvoir soit à Matignon, il fallait nommer Fabius ou Aubry», analyse un député socialiste. Et comme, par ailleurs, leur similitude de caractère l'emporte sur leur différence, difficile de leur trouver une identité propre.

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