«La République n'a jamais cessé d'être… Vichy fut toujours et demeure nul et non avenu.» Août 1944, le général de Gaulle assène un dogme dont il a le secret. Il faudra attendre juillet 1995 pour que Chirac désavoue son maître en politique : dans un discours qui marquera son septennat, il évoque la journée du 16 juillet 1942 où furent raflés à Paris plus de 10 000 Juifs, par la seule police française. «Oui, la folie criminelle de l'occupant a été secondée par des Français, par l'Etat français», conclut Chirac. Depuis, l'affaire est entendue, Hollande évoquant à son tour cette année «un crime commis en France par la France». L'un et l'autre dénonçaient la politique antisémite de Vichy, mais ne se prononçaient pas sur le reste, comme s'il n'existait plus. Le reste, c'est l'arsenal de réformes mis en place par Pétain et Laval, qui a littéralement et durablement changé la France. On ne devrait pas être surpris par l'ampleur de l'héritage de Vichy, car c'est sous-estimer les chocs et bouleversements provoqués par une guerre, si justement résumés par l'adage «rien ne sera plus comme avant». La IVe République voulait «faire du neuf», selon l'historien américain Robert Paxton. Illusion, car elle n'a pas fait table rase de ses années de collaboration. Et pourquoi prétendre effacer tous les legs quand certains ont modernisé un pays en ruine ? S'il est salutaire de savoir ce que la France a gardé de Vichy, c'est qu'on sort enfin des mensong
Crime et testament
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publié le 19 octobre 2012 à 22h07
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