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Interview

«Ayrault a commis une maladresse plus qu’une faute»

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Pascal Jan, professeur de droit constitutionnel, ne considère pas que l’invalidation de la loi soit une catastrophe mais «juste une perte de temps».
publié le 24 octobre 2012 à 22h08

Pour Pascal Jan (photo DR), professeur des universités en droit constitutionnel à l’Institut d’études politiques de Bordeaux, en annonçant prématurément l’invalidation du texte sur le logement, Jean-Marc Ayrault

«n’a fait qu’exprimer ce que tout le monde savait».

Avez-vous été surpris d’entendre le Premier ministre annoncer l’invalidation de la loi Duflot avant même la décision du Conseil constitutionnel ?

La réalité, c'est que dans les milieux juridiques on connaît toujours un peu à l'avance le sens des décisions que s'apprête à rendre le Conseil. Néanmoins, tant que ses membres n'ont pas délibéré et voté, on n'est pas à l'abri d'une surprise. Il est arrivé qu'il y ait des revirements en séance… Sur la base des indices et des indiscrétions dont il disposait, le Premier ministre a considéré l'issue de cette délibération-là comme certaine. Le problème est qu'il en a fait publiquement état. A ma connaissance, c'est la première fois qu'un tel cas de figure se produit sous la Ve République.

Jean-Marc Ayrault aurait donc commis une faute ?

Je ne dirais pas cela. Il n’a fait qu’exprimer ce que tout le monde savait. Le Conseil constitutionnel n’a subi aucune pression. C’est donc, à mon sens, plus une maladresse qu’une faute. A anticiper, il a surtout pris le risque de se mettre lui-même en difficulté : dans quelle situation se serait-il retrouvé si pour une quelconque raison la décision du Conseil n’avait pas été celle attendue ?

Pourquoi l’invalidation était-elle si certaine ?

C’est au Conseil qu’il appartient de le préciser. Néanmoins, l’origine du bug vient a priori du non-respect de l’article 42 de la Constitution révisée à l’été 2008. Pressé de faire adopter son texte, le gouvernement n’aurait pas re