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Libération

Jean-Marc Ayrault, le bouc émissaire

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publié le 24 octobre 2012 à 19h07

La presse est versatile et les médias sont frivoles. Avant les vacances de cet été, Jean-Marc Ayrault, tout juste nommé Premier ministre, était l’homme à la mode. On le découvrait, on l’encensait, on ventait son sérieux, sa loyauté. On s’extasiait devant sa modestie, sa pudeur, ses qualités de gestionnaire, sa complémentarité bienvenue avec François Hollande. Trois mois plus tard patatras ! Voici Jean-Marc Ayrault déchu, dégradé, critiqué de toutes parts, responsable de chaque couac, coupable des lenteurs et des revirements gouvernementaux.

Ses admirateurs d’hier déplorent aujourd’hui son manque de charisme, sa piètre éloquence, son absence présumée d’autorité, voire de personnalité. Il était la découverte de l’été, il est le bouc émissaire de l’automne.

Tout cela apparaît largement artificiel, démesuré et finalement injuste. C’est un fait que Jean-Marc Ayrault n’a pas l’envergure exigeante de Pierre Mendès France, le talent unique de François Mitterrand, le brio intellectuel de Michel Rocard ou l’autorité naturelle de Lionel Jospin. Il possède pourtant l’expérience du terrain, les multiples compétences de celui qui a su métamorphoser une métropole, une connaissance de l’Allemagne que n’avait aucun de ses prédécesseurs, du sang-froid, de l’opiniâtreté, de l’écoute et le goût de la décision. Il n’est pas Churchill mais il se situe au niveau de la plupart des Premiers ministres de l’Union européenne, Mario Monti et Angela Merkel exceptés. Alors, pourquoi cette vindicte ?

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