Menu
Libération
portrait

Félix Marquardt. L’art de l’entre-gens

Article réservé aux abonnés
Narcisse déconcertant, ce communicant organise des dîners mixant patrons et politiques, penseurs et lascars.
publié le 5 novembre 2012 à 19h07

C'était un matin calme, en septembre. On rentrait à peine, du sable encore plein les baskets. Et là, en page Rebonds, ce titre : «Barrez-vous !». Le ton interpelle : fini l'Occident, l'avenir est aux émergents. Tu as 20 ans et des idées, la vieille France n'a rien pour toi, fuis, n'hésite pas, vois le monde et peut-être, un jour, tu reviendras. Signé : Mouloud Achour, journaliste, Mokless, rappeur, et Félix Marquardt, fondateur des Dîners de l'Atlantique. Les deux premiers, on connaît, ils gravitent dans le hip-hop. Le troisième, inconnu au bataillon. Google nous apprend que c'est un communicant sorti du bois en lançant des dîners auxquels se pressent politiques et grands patrons. Le mot de passe à l'entrée : économie de marché. Mélenchon n'y flinguera pas la mondialisation sous l'œil d'un Bill Gates intrigué. Sur l'appel à l'évasion, les critiques ont plu dru. «La France se découvre un trou dans la coque et les rats quittent le navire ? Trahison !» Marquardt, lui, jubile. Son truc a pris, on en parle. Qui est-il, cet Américain friqué de 37 ans ? «Un mec sympa et insaisissable», selon Julien de Rubentré, qui l'a flingué dans un papier pour le site Ragemag, comparant la naïveté du projet à une «comptine de Dorothée». En réponse, Marquardt l'a invité à dîner.

C'est le genre de soirée pour laquelle on hésite un quart d'heure devant son placard. Jean ou costume ? Cravate ou décontract ? On finit devant l'interphone sans avoir tranché. Après l'entrée où