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L’ex-directrice du travail renvoie la balle vers les industriels

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Rencontre avec Martine Aubry, très affectée : elle estime que sa mise en cause est «injuste» et que les services publics «ont fait leur travail» .
publié le 6 novembre 2012 à 23h06

Elle n'en dort plus. Cette mise en examen est «inimaginable», répète Martine Aubry, qui ne peut plus entendre les mots «homicides volontaires» sans fondre en larmes. A 62 ans, la perspective de se retrouver sur le banc des accusés, et non comme témoin, dans le procès pénal de l'amiante que réclament un grand nombre de victimes, lui arrache le mot «injuste». C'est aux industriels de répondre devant la justice, dit-elle. Pas aux fonctionnaires.

La juge soupçonne la directrice des relations du travail au ministère qu'elle fut, de 1984 à 1987, d'avoir sous-estimé le drame de l'amiante, 100 000 morts d'ici à 2025. Dans ce dossier aussi dramatique que complexe, s'entrecroisent responsabilités, lenteurs administratives et pressions des industriels, à l'époque lobbyistes chevronnés d'un «usage contrôlé» du «magic mineral». Les services publics leur ont-ils cédé ? Ont-ils été «anesthésiés», comme l'a affirmé la commission sénatoriale en 2005 ? «Qu'on me le prouve !» proteste Aubry avec véhémence, et pièces à l'appui.

Camp. En 1984, elle avait 34 ans, et déjà une longue carrière de haut fonctionnaire derrière elle. Dès sa sortie de l'ENA, en 1975, c'est «par vocation» que la fille de Jacques Delors avait choisi le ministère du Travail. Rédactrice des lois Auroux, qui ont changé la vie de millions de salariés, elle milite à la CFDT. En 1986, après la victoire de la droite, le nouveau ministre du Travail, Phil