Est-ce un reniement ? Une trahison ? Ou au contraire un acte de lucidité et de courage politique ? Une chose est sûre : ce «Pacte national pour la croissance la compétitivité et l'emploi», présenté hier par Jean-Marc Ayrault, est un véritable tournant. Qui prend la gauche à contre-pied et beaucoup d'engagements de campagne de François Hollande à rebrousse-poil. En annonçant hier un effort sans précédent de 20 milliards d'euros pour relancer la compétitivité des entreprises, le Premier ministre a en tout cas posé «le socle du quinquennat», pour reprendre les mots de Thierry Mandon, le porte-parole du groupe PS à l'Assemblée nationale. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que ce «socle» est contre-nature : après la désinflation compétitive du milieu des années 80, la gauche française se voit obligée d'assumer, une nouvelle fois, une politique de l'offre, généralement chérie par la droite. On comprend que le gouvernement joue là une très délicate partition politique.
Pour François Hollande, il s'agit, à n'en pas douter, d'une volte-face. De diagnostic d'abord, et de politique économique ensuite. Pendant sa campagne, il a toujours refusé d'appréhender la question du déficit de compétitivité, sous l'angle du coût du travail. Six mois plus tard, le couple Hollande-Ayrault choisit d'administrer un choc inédit de 20 milliards d'euros, sous la forme d'un crédit d'impôts indexé sur la masse salariale de toutes les entreprises, pour leur permettre de retrouver des marges