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Libération
Interview

«Le charisme de conviction fait défaut aux dirigeants politiques»

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publié le 8 novembre 2012 à 19h06

Alors que les Etats-Unis viennent d'élire leur président, que François Fillon et Jean-François Copé rééditent le combat des chefs pour ravir la présidence de l'UMP, François Hollande ajuste encore son costume présidentiel - trop grand, trop large, toujours mouillé depuis le jour pluvieux de son investiture ? Qu'est-ce qu'un chef en démocratie ? se demande, à point nommé, le philosophe Jean-Claude Monod, enseignant à l'Ecole normale supérieure de Paris, dans un livre publié au Seuil.

On a le sentiment que François Hollande éprouve des difficultés à habiter la fonction présidentielle…

Nicolas Sarkozy, par une proximité surjouée, voire une certaine familiarité, et une omniprésence dans la communication, avait transgressé la norme de la Ve République. Distance et solennité caractérisaient davantage le général de Gaulle et François Mitterrand, Sarkozy a voulu mettre la présidence à l'heure des médias en continu et du «people», mais ce trop plein d'ego, l'exhibition de l'intime sur le mode «Carla et moi» ont saturé l'opinion. En opposition, François Hollande tente la figure de l'homme commun mais conscient de la nécessité des formes, d'une certaine réserve. Avec sa «présidence normale», il est dans une approche plus classique de la fonction, tout en cherchant une voie plus démocratique de l'autorité. Il tâtonne encore, avec cette impression de défaut de direction, d'absence de perspective historique, que ce soit pour un projet européen ou national. Les institutions de la Ve République ont été pensées pour une personnalité charismatique, de Gaulle en l