Réputé pour son franc-parler, le ministre délégué au Budget, Jérôme Cahuzac, a reçu Libération dans son bureau, au 5e étage de Bercy, samedi soir. Sous le cadre d'une couverture de Picsou Magazine offerte par ses amis pour ses 60 ans, le grand argentier de la République assume le choix de la rigueur.
L’annonce par Jean-Marc Ayrault d’un crédit d’impôt de 20 milliards d’euros pour restaurer les marges des entreprises constitue-t-elle un tournant dans ce début de quinquennat ?
Ce n’est pas un tournant, mais c’est une première. Jamais un tel effort n’avait été consenti en faveur de l’emploi et de l’investissement.
En tout cas, c’est une rupture par rapport aux thèmes et aux engagements de campagne de François Hollande…
Je ne le pense pas. Dans son programme, le chef de l’Etat avait pris l’engagement de baisser l’impôt pour les PME, engagement qui a été confirmé depuis. C’était bien la preuve que l’on avait déjà fait l’analyse que la restauration des marges des entreprises était nécessaire.
Mais François Hollande a aussi passé sa campagne à critiquer la TVA sociale de Nicolas Sarkozy…
Sur la TVA, la solution retenue n’est pas du tout de même nature que la TVA sociale de Nicolas Sarkozy. D’abord, il ne s’agit pas d’une augmentation générale de TVA, car le taux sur les produits de première nécessité baisse avec un coût pour les finances publiques de l’ordre de 1 milliard d’euros. Ensuite, la TVA votée par la précédente majorité pesait à hauteur de 11 milliards d’euros, nous n’en sommes qu’à la moitié. Enfin, le calendrier n’a rien à voir, car la TVA sociale de Sarkozy devait s’appliquer dès la fin 2012, alors que cette modulation n’interviendra qu’à partir de 2014, ce qui permettra de préserver la consommation en 2013.
En quoi cette politique de l’offre est-elle encore une politique de gauche ?
Aujourd’hui, notre pays est menacé par le chômage comme il ne l’a jamais été ces quinze dernières années. Lutter