Passé par les instituts BVA, Sofres et CSA, Stéphane Rozès dirige aujourd’hui la société de conseil en stratégie CAP. Selon lui, François Hollande n’a pas assez inscrit son action dans un «récit».
Cette impopularité sanctionne-t-elle une absence de cap ou le cap choisi ?
Jamais couple exécutif n’a eu à relever de tels défis. Pendant la présidentielle, la France est le pays le plus pessimiste du monde. Il est affaibli économiquement et socialement. Mais aussi affecté moralement. Le pays se demande si ce qui fait notre modèle peut survivre dans le monde tel qu’il est. Et cela a été renforcé par la façon dont Nicolas Sarkozy a abaissé la fonction présidentielle, mais aussi par la crise de la dette souveraine, qui semblait montrer que la finance l’emportait sur le politique. Or, chez nous, le politique tient ensemble les Français.
Mais cela n’explique pas sa chute continue dans les sondages…
La conjoncture a empiré. Surtout, Hollande s'est éloigné de la relation qu'il avait construite avec le pays durant la campagne. Alors que 55% de ses électeurs ont voté pour lui et 45% contre Sarkozy, il a été élu sur la promesse que l'on pouvait redresser le pays dans le rassemblement et la justice, sans renoncer à notre modèle social. Sarkozy semblait, lui, le remettre en cause. «La France n'est pas le problème mais la solution», disait Hollande au Bourget. Il aurait dû faire, dès son arrivée, le récit du quinquennat, dédié au redressement.
En donnant une large place à la concertation, le Président n’a-t-il pas perdu la main alors que les Français attendent une parole forte ?
Les deux ne sont pas contradictoires. Nous ne sommes pas une simple démocratie, mais une République. Pour que les partenaires sociaux négocient et sortent des postures et intérêts i