Le portrait photographique, quand il est d'un homme ou d'une femme politique, est généralement très encadré. Dans le rôle classique des poseurs de barbelés, l'armée des crétin(e)s répondant au sobriquet de communicants, chargés à prix d'or de veiller que les poches sous les yeux ne soient pas comme des valises ou les bourrelets soient électroniquement gommés, obtempérant ainsi à des ordres de beauté aussi idiots qu'idéologiques. Etre gras au XVIIIe siècle était signe de prospérité pour un puissant (cf. la peinture de tous les rois de France).
Mais il est d’autres polices de l’image, nettement plus invisibles qui, pour beaucoup, tiennent au cadre. C’est une orthodoxie vérifiable que le «sujet» politique doit être au centre. A cet égard, le décalage opéré par Raymond Depardon pour le portrait officiel de François Hollande (au coin à droite) fait date. Celui de François Fillon par Yann Rabanier est d’une autre nature mais d’un esprit tout aussi frondeur. Apparemment réglo, puisque ce qu’on voit est incontestablement une forte majorité de François Fillon bien centrée, à savoir le haut de son corps composé comme de coutume de deux bras, d’une paire d’épaules et d’une tête. Sauf que pas tout à fait. Quelque chose manque et ne va pas. Les yeux, le regard, masqués par une des mains pour le protéger d’un éblouissement dû à un éclat de lumière en plein visage.
Du coup, ce portrait d’officiel devient officieux. La position ainsi provoquée pourrait être celle du guetteur indien