Calamiteux anniversaire. Dix ans après sa fondation, l'UMP s'est donné hier un nouveau président. Jean-François Copé l'emporte avec 98 voix d'avance (50,03% des suffrages et 87 388voix). Et cette victoire sera durablement entachée de soupçons. Pendant vingt-quatre heures, les frustrations de campagne ont explosé au grand jour. Sonné par quatre mois de combat souvent haineux, Copé n'échappe pas au naufrage. Hier, il a proposé à Fillon de le «rejoindre», assurant qu'il n'y avait «dans son cœur ni amertume ni rancœur».
Enfermé dans son QG, Fillon n'accepte pas la défaite. Dans son entourage, les plus durs lui recommandent une stratégie à la fort Chabrol : «Faire ce que n'a pas fait Ségolène Royal à Reims» et saisir la justice. D'autres lui suggèrent plutôt de saisir la commission des recours du parti. Au final, tout en déclarant qu'«il ne pouvait s'en satisfaire», Fillon décide «de ne pas contester le résultat». Selon lui, cette élection a fait apparaître «une fracture politique et morale» à l'UMP. Il se propose de contribuer à la réparer sous des formes qui restent à déterminer.
Effaré par ce psychodrame, le premier président du parti, Alain Juppé, élu pacifiquement en novembre 2002, ne cache pas son inquiétude : «Je lance vraiment un cri d'alarme, c'est l'existence même de l'UMP qui est en cause», a-t-il déclaré hier. «Il craignait le pire, on a le pire du pire», constate l'un de ses proches, le député UMP