Directeur général de l’institut de sondages TNS-Sofres, Edouard Lecerf analyse les traits de popularité de Jean-François Copé. Et pointe le décalage prévisible entre le choix de 175000 adhérents et les souhaits de 10 millions de sympathisants UMP.
Mesurée par TNS-Sofres, la cote de popularité de Jean-François Copé plafonne à 26% au mois de novembre chez l'ensemble des Français, contre 44% pour François Fillon. Comment expliquer un niveau aussi bas pour celui qui est désormais président du principal parti d'opposition ?
Il est clivant. Alors qu'un quart de la gauche parlementaire souhaitait que François Fillon joue un rôle important dans les mois ou les années qui viennent, cela tombait à 10% pour Jean-François Copé. Pour le dire un peu grossièrement, dans une perspective présidentielle, il perd déjà la moitié du gâteau. Et même sur l'ensemble de la droite, il est moins rassembleur que Fillon: à l'UMP, un tiers des électeurs ne souhaitaient pas qu'il joue un rôle majeur dans le futur. Et du côté du Modem, la cote de popularité de Fillon est à peu près à 50%, celle de Copé seulement à 25%. Il est enfin intéressant de noter que la cote d'avenir de Copé n'a globalement pas évolué durant sa campagne victorieuse. Son image ne s'est pas radicalisée, elle l'était déjà en partie.
Cette radicalité s'est en tout cas révélée plus fructueuse qu'annoncée. Et François Fillon restera comme le favori de tous ceux qui ne votaient pas...
Pendant la campagne pour la primaire socialiste, je disais déjà qu'il fallait faire attention et ne pas croire que les adhérents et les sympathisants sont forcément en phase. Et tout au long du match Copé-Fillon, il m'a semblé que cette précaution devait être d'autant plus grande que le nombre d'électeurs était encore un peu plus réduit. Mais il faut reconnaître aussi que l'hypothèse d'un corps électoral influencé par les sondages auprès des sympathisants pouvait avoir du sens.