Un solitaire, incapable de jouer collectif et de nouer de solides amitiés politiques. Dans le déluge de critiques qui se sont abattues sur François Fillon tout au long de cette campagne, celle-ci fut la plus fréquente. Peut-être aussi la plus pertinente. Le député UMP du Val-d'Oise Jérôme Chartier, l'un des rares fillonistes de la première heure, le confirme avec une légère pointe d'amertume : «Avec Fillon, on ne deale pas. Il n'a rien à offrir, aucune récompense à distribuer. C'est un peu De Gaulle à Londres : "En me rejoignant, vous ne faites que votre devoir."» Tout le contraire de Copé, qui couvre de récompenses et d'affection tous ceux qui consentent à «toper» avec lui. Valérie Rosso-Debord en sait quelque chose : filloniste au début du quinquennat, l'ancienne députée a brutalement viré copéiste, déçue de n'avoir «rien reçu» en échange de son dévouement.
L'ex-Premier ministre assume. «Je ne suis pas énarque. Je n'appartiens à aucune chapelle, à aucune caste. A 20 ans, je voulais être guide de montagne», confiait-t-il, en 2006, dans son livre programme La France peut supporter la vérité (Albin Michel). Ses proches assurent qu'il s'est délibérément interdit, pendant ses cinq ans à Matignon, de cultiver des réseaux. «En tant que chef de la majorité, il ne voulait surtout pas donner l'impression de privilégier sa chapelle», glisse un conseiller. Son entourage se résume à une poignée de fidèles, qui ont fait tourner la mac