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Libération
EDITORIAL

Non-retour

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publié le 23 novembre 2012 à 22h26

Bien sûr, on peut en rire. Car le pathétique feuilleton des déchirements de la droite a d’abord des allures de farce avec ses deux personnages principaux aussi inspirés que des personnages de télé-réalité. On peut s’esclaffer devant les claquements de porte et les volées d’insultes. Sauf que le spectacle n’a rien de drôle. François Fillon et Jean-François Copé ont atteint le point de non-retour. Celui où tout rabibochage est illusoire. Juppé peut bien continuer sa mission et même obtenir - sait-on jamais - un cessez-le-feu, nul ne pourra plus croire à la réconciliation. L’union de la droite et du centre a vécu. Et les egos bouffis des deux belligérants ne sont au fond que l’incarnation d’une fracture profonde et irréversible. Entre les discours de campagne de Copé (ou des jeunes matamores de la Droite forte) et le langage de Fillon conforme aux traditions de la droite classique, l’UMP est éclatée, explosée. Quand le premier incarne une dérive frontiste, le second dessine un avenir sur des valeurs traditionnelles et des alliances avec le centre. Les uns et les autres peuvent ressasser à l’envi leur volonté de «rassembler», ce double mouvement profond, idéologique scelle l’avenir du parti. Des esprits responsables s’échineront sans doute à entretenir encore l’illusion, imagineront une improbable médiation, la fameuse «fracture morale» constatée par Fillon dès lundi est aujourd’hui une évidence. Reste à savoir si les principaux leaders de la droite auront le courage et la lucid