Comme tout nouveau député, Brigitte Allain a dû se choisir cet été un bureau à l'Assemblée. Elue EE-LV de Dordogne, (loin de Paris), elle avait droit à un bureau avec un lit et une petite salle de bain attenante. Elle n'en a pas voulu. «Je n'en serai jamais sortie», confie-t-elle en bosseuse. Avant d'ajouter, l'œil malin: «Et puis on m'a dit que les bureaux avec lit étaient plus petits. Et moi, j'ai besoin d'espace. C'est l'histoire de ma vie.» Brigitte Allain, 56 ans, respire au grand air depuis toujours.
A la tête d’une exploitation ruinée
Elle est née à Bergerac, deuxième d'une famille de huit enfants. Après le décès de son père, elle reprend avec l'aide de son mari l'exploitation familiale de 60 hectares dont 20 en vigne (AOC Bergerac) et un élevage laitier à reconstituer. «On prenait la fratrie avec, c'était une vraie responsabilité familiale. Lourde». Elle n'a que 20 ans. L'année d'après, il gèle sur les vignes. Elle se retrouve à la tête d'une récolte ruinée avec des prêts à rembourser. «C'est comme ça que ma vie syndicale a démarré». A la ferme, elle compte sur le «système D», et une forme d'entraide habituelle des campagnes: «Les voisins nous ont aidés à connaître le métier, on s'organise pour acheter du matériel de façon collective, ou faire des groupements d'employeurs...». Dans sa vie de militante, au même moment, elle rencontre les paysans-travailleurs. Du coup, Brigitte Allain a une idée très concrète de la solidarité. Dans le milieu rural,