Il préfère d'emblée mettre les choses au clair. Il n'a rien en commun avec Dodo la Saumure. «Je n'ai rien contre lui, je l'aime bien, d'ailleurs je viens de le croiser dans un restaurant juste à côté d'ici, mais ce n'est pas mon milieu. Lui, c'est un vrai proxénète, pas moi.» «Moi», c'est René Kojfer, personnage beaucoup plus difficile à étiqueter que le mac autoproclamé et surassumé.
Mis en examen pour «proxénétisme aggravé en bande organisée» dans le volet lillois de l'affaire du Carlton, Kojfer déambule dans le dossier d'instruction avec le titre de «chargé des relations publiques» du Carlton, fonction suffisamment floue pour être incompréhensible, quand les autres protagonistes semblent avoir décroché des rôles dénués d'ambiguïté au point de friser la caricature. DSK, l'homme politique qui aimait trop les femmes. Les chefs d'entreprises fascinés par le pouvoir et reconvertis en GO de parties fines. Ou encore les flics sans états d'âme.
«Moi, j'étais payé pour remplir les chambres de trois hôtels lillois dont le Carlton, grâce à mes connaissances et mes réseaux», précise Kojfer, qui ne fait pas ses 70 ans, élégant dans son costume sombre égayé par une petite pochette. Enfoncé dans un grand canapé du bar de l'Hermitage gantois, Kojfer estime avoir fait du bon boulot pendant douze ans. C'est d'ailleurs ce que la justice lui reproche : d'avoir travaillé avec un peu trop de zèle. De n'avoir pas loué ses chambres qu'à des hommes d'affaires en séminaire