Les physiciens vous le diront : il est des domaines dans lesquels les instruments d’observations perturbent l’objet observé. Le phénomène concerne le journalisme politique, singulièrement depuis qu’il est confronté à la bataille ubuesque de l’UMP. La question est la suivante : la crise aurait-elle dégénéré à ce point sans l’existence des nouveaux médias ? Les chaînes d’information et les réseaux sociaux ont-ils contribué à l’aggraver ?
Loin de nous l’idée de mettre en cause la pertinence de ces médias. Encore moins d’exonérer les deux acteurs principaux de leur immense responsabilité dans l’escalade. Interrogeons-nous sur le sens du spectacle qui se déroule sous nos yeux.
Imagine-t-on une entreprise dont les dirigeants, actionnaires, associés, ou salariés diffuseraient immédiatement les informations ou réactions sur une négociation en cours ? Chacun comprend qu’aucune discussion ne peut se tenir sereinement sous une telle pression.
Désormais, grâce aux nouvelles technologies, les journalistes sont en mesure de réaliser un fantasme : connaître en temps réel ce qui se passe derrière la porte. De l'autre côté du mur, les élus «live-twittent» les réunions secrètes, ils font état par SMS des dernières tractations. La mécanique d'information en continu et la concurrence nous poussent collectivement à rediffuser ces messages ex abrupto, in extenso. Ne pas le faire serait contraire à notre vocation.
Mais il en résulte une hiérarchie déformée, écrasée. Le nez sur le tableau, le