Echanger avec Michel Rocard sur la vie, les hommes, les trahisons, la politique ou l'économie reste un moment jubilatoire, un exercice de stimulation intellectuelle hors du commun. A 82 ans, l'homme continue à crapahuter de par le monde, regard pétillant, brunes sans filtres aux lèvres, et surtout à étudier toutes les portes de sortie possibles de la crise actuelle. «Je suis un homme libre, dit-il en se disant porté par «le bonheur et le boulot». Cette liberté se sent dans ses propos, cash, dénués de toute langue de bois. Pour lui, «si on ne change pas de cap, on risque une régression terrifiante». Il sera interviewé en public, cet après-midi à 18 heures au Théâtre de la Ville à Paris, par Nicolas Demorand, directeur de Libération (1).
Que vous inspirent les déchirements de l’UMP ? Est-ce que cela ne décrédibilise pas la classe politique tout entière ?
On ne peut pas ne pas sourire devant ce spectacle car il y a un petit aspect disqualificateur des donneurs de leçons qui, forcément, réjouit. Si l’humour n’avait plus sa place en politique, ce serait la fin de tout. Ceci étant dit, c’est une affaire très sérieuse, et grave. Il faut dire que votre profession donne un sacré coup de main à tous ceux qui ont envie de dramatiser. Car regarder ce qui se passe ailleurs permet de relativiser. C’est la question de l’égalité qui aggrave les enjeux de pouvoir. La démocratie, qui est le gouvernement de la majorité, a besoin que cette majorité soit visible. Et plus la marge se restreint, plus la visibilité est difficile. Exemple, la Suède qui a réussi à inscrire un remède