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Analyse

Le social-réalisme version Delors

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publié le 4 décembre 2012 à 22h56

L'adoubement est passé inaperçu. C'était le lendemain de la première conférence de presse de François Hollande. A la question de savoir s'il considérait le chef de l'Etat comme son héritier, Jacques Delors avait répondu au Grand Journal de Canal + : «En écoutant sa conférence de presse, je réponds par l'affirmative.» C'est peu, mais, pour Jacques Delors c'est déjà beaucoup. Pendant la campagne, l'ex-président de la Commission européenne avait pris soin de n'apporter aucun soutien public à celui qui avait pourtant été son héritier désigné dans les années 80.

Les grandes orientations de la politique économique du gouvernement descendent en droite ligne du fameux «réalisme» cher au delorisme : la lutte contre l'endettement, la défense des 3% de déficit budgétaire, une politique de l'offre en faveur de la compétitivité des entreprises… Et bien sûr, la réorientation de la construction européenne. «Pour Hollande, sans Europe, rien n'est possible. Il en attend tout et c'est pourquoi il y a consacré autant de temps», assure le député parisien Jean-Christophe Cambadélis. «Ce qu'il aimerait laisser, c'est d'abord une relance de l'Europe et un nouvel allant industriel pour la France», renchérit un ministre.

La filiation deloriste se retrouve aussi dans la réhabilitation des corps intermédiaires et de la négociation sociale. D'où, au début de l'été, la multiplication des commissions et le lancement de la «grande conférence sociale». Un choix qui a prob