Six mois à l'Elysée suffisent-ils pour une esquisse du hollandisme ? Une politique et un style sont-ils en train de se dessiner ? Il y a eu le compromis avec Mittal après les menaces de nationalisation - un accord très pragmatique qui a déçu à gauche et provoqué l'inquiétude des syndicats ; le mariage gay et la liberté de conscience des maires ; l'élaboration du «pacte de compétitivité» en faveur des entreprises après la taxation à 75% des ultrariches ; le faux blocage des prix de l'essence après le vrai blocage des loyers ; une conférence de presse sous les ors de l'Elysée après deux invitations au JT ; le report du droit de vote des étrangers après l'enterrement du récépissé… Comme si le hollandisme était d'abord un mouvement de balancier. Jusqu'à l'été, l'antisarkozysme avait servi de boussole. Et l'adjectif «normal» était censé incarner une présidence «apaisée».
Depuis, le chef de l'Etat lâche la rampe de sa campagne. «Prendre la mesure de la fonction nécessite forcément du temps», confie un conseiller pour qui la conférence de presse du 13 novembre a marqué le vrai début de sa présidence. «Il cherche encore son chemin», glisse un ministre hollandais. Au nom du redressement dans la justice, Jean-Marc Ayrault assure que son gouvernement travaille à construire une nouvelle gauche. «Pour l'instant, Hollande projette ce qu'il a été dans ce qu'il fait, juge Alain Bergounioux, historien du PS et directeur de la Revue socialiste.<