La politique française ne se comprend pas si l’on omet la présence familière de l’histoire comme décor permanent. Le débat politique se comprend moins encore si l’on n’intègre pas le poids constant, voire envahissant de notre mythologie historique. Cette historicisation de la politique ne constitue certes pas un monopole français mais son intensité représente bel et bien une spécificité tricolore. Rien ne distrait et ne divertit autant les observateurs étrangers que l’instrumentalisation ardente des dates célèbres, des épisodes fameux, des personnages symboliques.
Nous venons d'en avoir encore tout récemment deux illustrations curieusement complémentaires. Jean-Luc Mélenchon a choisi de comparer François Hollande à Louis XVI pour définir sa politique. Au lendemain de la diatribe d'Arnaud Montebourg contre le groupe Mittal, le maire de Londres, Boris Johnson, un conservateur extravagant, s'est écrié : «Je vois que les sans-culottes semblent s'être emparés du gouvernement à Paris.» Les images d'Epinal ont la vie dure.
L’aimable dirigeant du Parti de gauche a voulu accabler François Hollande en l’identifiant à un monarque qui passait pour faible, passif et myope.
Le lord-maire de la capitale britannique a voulu discréditer le gouvernement français et en particulier son capitaine Fracasse en les affublant d’un pantalon grossier, d’une carmagnole, de sabots, d’une pique vengeresse et d’un bonnet rouge à cocarde tricolore afin d’épouvanter les investisseurs étrangers.
Deux ré