Ce dernier matin de novembre, arrivé à Bercy au pas de charge par ce qu'il a rebaptisé «l'entrée James Bond» - un escalier de service côté Seine -, Benoît Hamon, ministre délégué à l'Economie sociale et solidaire (ESS) et à la Consommation savoure une petite victoire. Dans la nuit, les députés socialistes ont adopté un amendement pour protéger son domaine d'action ministérielle face au «crédit impôt compétitivité» (Cice). Alors que le cabinet du Premier ministre tentait de réduire à néant ou presque les interventions parlementaires sur ce dispositif clé du pacte de compétitivité, une compensation a été votée par la commission des finances pour les entreprises à but non lucratif, qui n'ont pas droit au Cice. «Le premier dragon ESS a plié les armées prussiennes», s'amuse le ministre délégué en accrochant son caban breton au portemanteau.
Et peu importe si l'amendement, estimé à 1,5 milliard d'euros par Bercy, sera finalement réécrit et raboté à 315 millions, le symbole est là : l'ESS est bien l'un des axes de la stratégie de croissance qu'il convient de ne pas handicaper. «C'est 2,4 millions de salariés, 10% du PIB, 27% de créations d'emplois sur dix ans contre 7% dans le reste de l'économie. Le secteur n'attendait qu'un ministère pour exploser», estime le quadragénaire qui avale son premier café avant d'enquiller trois rendez-vous dans les étages du ministère - dont le directeur de la Banque publique d'investissement et l'ex-leader de la CGT Bernard