Ça ressemble à un sursaut. On croyait la promesse d'accorder le droit de vote aux étrangers lors des élections locales en passe d'être enterrée, voilà les socialistes qui se disent prêts à aller au bout d'une réforme que les électeurs de gauche attendent depuis trente ans. D'un côté, le chef du PS, Harlem Désir, a choisi d'interpeller «tous les parlementaires» dans une lettre (lire ci-contre), que Libération publie en exclusivité. De l'autre, les députés socialistes ont mis hier une pression inattendue sur l'exécutif demandant «dans les plus brefs délais», un projet de loi reprenant en partie «l'engagement 50 de François Hollande» : «Le droit de vote aux élections locales aux étrangers résidant légalement en France depuis cinq ans».
«Jean-Marc Ayrault va déposer le texte, au nom du gouvernement. Rien ne s'[y]oppose», a affirmé hier matin Thierry Mandon, porte-parole du groupe PS à l'Assemblée nationale. Les socialistes semblent ainsi changer de stratégie : se battre pour obtenir de l'exécutif le dépôt d'un projet de loi plutôt que de rendre les armes sans aller au combat.
Constitution. Jusqu'ici, c'était la ligne du chef de l'Etat qui prévalait. Mi-novembre, au cours de sa conférence de presse, Hollande avait été limpide : «Le gouvernement peut préparer le texte, mais il ne le déposera que si la perspective de son adoption est réunie. Je ne vais pas déposer un texte dont je saurais qu'il sera repoussé.»