L’ouvrage de Péan et Cohen consacré, sur plus de 500 pages, à Le Pen est dérangeant. Non parce qu’il constituerait une tentative de réhabilitation de celui qui empoisonne la vie politique française depuis ses premières percées électorales en 1983 et 1984, mais plutôt parce que les deux auteurs, dans le souci de cerner au mieux le parcours et la personnalité de leur sujet, en viennent à minimiser certaines de ses embardées les plus choquantes.
Pierre Péan a déclaré lui-même avoir cherché «à se mettre dans la tête de Jean-Marie Le Pen» pour mener son enquête. Pour les deux auteurs, une biographie aboutit toujours à rendre plus complexe le personnage que sa seule apparence ou ses faits et gestes laissent paraître. Avec le risque évident de parfois tout justifier.
Pierre Péan et Philippe Cohen ne se montrent pas tendres avec le patron du FN. Ils le décrivent égoïste, cynique, colérique, près de ses sous. Ils racontent comment Jean-Marie Le Pen a arrondi son patrimoine grâce à de nombreux héritages reçus de militants. A commencer par celui, connu, d’Hubert Lambert, l’héritier des ciments, qui lui a permis de vraiment se consacrer à la politique en le mettant définitivement à l’abri du besoin. Les auteurs expliquent également comment Jean-Marie Le Pen a souvent confondu les finances de sa PME politique avec les siennes propres. Selon eux, aujourd’hui, son patrimoine dépasserait les 30 millions d’euros.
Ils abordent également deux sujets plus polémiques, celui de la torture e