Vincent Peillon est un privilégié. Le ministre de l'Education gère un secteur déclaré «première priorité nationale». Et à ce titre, on ne lui refuse rien, ou presque : un budget en hausse et 54 000 postes supplémentaires créés durant le quinquennat alors que les autres ministères se serrent la ceinture. La réussite de la refondation de l'école est dès lors, outre une nécessité pour un système scolaire usé, une obligation personnelle.
Accueilli avec soulagement après les années de coupes sarkozystes, Vincent Peillon a pour l’instant réussi à préserver son capital de sympathie auprès de la communauté éducative - lui, l’ancien prof de philo, fin connaisseur du monde enseignant et des rivalités syndicales, mais aussi le militant socialiste apprécié dans un milieu plutôt à gauche.
Pourtant, il s’est déjà heurté aux dures réalités d’un monde fatigué des réformes souvent imposées à la hussarde, et méfiant à l’égard de ministres qui rêvent souvent de faire carrière en signant une énième grande loi sur l’école. Son prédécesseur Luc Chatel ne consultait même plus les partenaires sociaux, d’irrémédiables conservateurs, selon lui.
Suspicions. Vincent Peillon a renoué le dialogue et mis en place une concertation très cadrée avec les syndicats et au-delà, avec «la société civile». Méthode qui a plutôt bien fonctionné. A son issue, le ministre a rédigé une loi assez consensuelle, même s'il ne s'agit encore que de grandes lignes (lire page ci-contre). La disc