Mon choix social-démocrate date des trois années où une triste aventure familiale conduisit le fils de petit-bourgeois que j'étais à l'interruption de ses études pour un statut d'ouvrier en usine, pendant un temps à la chaîne, aux Pays-Bas puis en Allemagne, de 1956 à 1959. Dans ces emplois, j'ai d'abord appris que l'ouvrier, dans ces pays sociaux-démocrates, était une personne respectée, ce qui n'était guère le cas en France. A plusieurs occasions, j'ai pu apprécier les avantages sociaux dont ils bénéficiaient, sans commune mesure avec les nôtres. Les rapports qu'entretenaient leurs syndicats avec la direction, quelquefois très tendus, aboutissaient finalement au fameux «Mitbestimmung» [cogestion, ndlr] qui permettait, et permet encore, ces avancées. En France, à la même époque, la CGT et la CFDT, refusaient bêtement, pour collaboration de classes, la politique gaullienne des revenus.
Je suis toujours resté social-démocrate, non sans mal d'ailleurs, au sein du PS auquel j'ai adhéré en 1971. N'appartenant pourtant pas au courant Rocard, je m'y suis heurté à ces tendances «sociogoniques» et «antipropriétistes» inefficaces pour ceux qu'elles prétendent défendre, et que Jacques Julliard décrit si clairement dans son dernier livre (1). Après la signature du programme commun, un «grand débat» opposa très vite le Ceres de Jean-Pierre Chevènement et les partisans de Mitterrand et Mauroy, sur le fait essentiel de savoir si nous devions constituer avec le PCF, u