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Libération
TRIBUNE

Le fiasco social-démocrate

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par Jean-François Kahn, Ecrivain, journaliste
publié le 16 janvier 2013 à 19h36

C’est la grande nouvelle qui illuminera l’année 2013 et enchante déjà toutes les chapelles de notre cléricature d’establishment : le Parti socialiste a enfin pris le grand tournant social-démocrate !

Alléluia : même l’opposition devrait être ravie. Il y a peu, en effet, il suffisait d’appuyer sur le nez de l’un des leaders de la droite pour que, tel un juke-box, ils nous servent le refrain «la gauche française est la pire du monde. Ah ! Si elle devenait enfin sociale-démocrate !»

Elle est devenue sociale-démocrate, mais la droite considère toujours qu’elle est la pire du monde.

Il y a, il est vrai, quelque paradoxe à considérer comme représentant le summum de la «modernité» une idéologie du XIXe siècle qui, au prix d'une succession de renoncements, s'est imposée au milieu du XXsiècle et a fort mal commencé le XXIe.

Se réjouirait-on à l’annonce d’un tournant «réellement socialiste», comme si l’option du «socialisme réel» - ainsi le désignait-on naguère - n’avait pas échoué partout et sous toutes ses formes ? Se réjouirait-on d’un tournant «vraiment néolibéral» comme si George W. Bush et les promoteurs déjantés de la crise de 2007 n’en avaient pas démontré l’inanité ?

Non ! Mais alors comment peut-on considérer comme unefulgurante nouveauté, adaptée à la formidable mutation que connaît notre monde, un tournant social-démocrate ?

Sans doute, de tous les héritages dont s’est nourri et se nourrit encore notre monde moderne, celui que nous a légué la s