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Libération
TRIBUNE

Georges Ibrahim Abdallah, l’embarras de Valls

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par Daniel Schneidermann et Chloé DELAUME, Ecrivaine
publié le 23 janvier 2013 à 19h16

Depuis dix jours, sur le bureau de Manuel Valls, un document attend une signature. C’est l’arrêté d’expulsion de Georges Ibrahim Abdallah, condamné en 1987 à la prison à vie. Il est incarcéré depuis vingt-neuf ans, ce qui en fait l’un des plus anciens prisonniers politiques du monde. Mais cette expulsion-là, pour une fois, Manuel Valls hésite à en donner l’ordre. Car ce n’est pas une expulsion comme les autres.

Qui se souvient aujourd’hui de Georges Ibrahim Abdallah ? Ce nom semble appartenir à la préhistoire. Bien avant le 11 Septembre, le jihad et Ben Laden, Georges Ibrahim Abdallah, libanais, communiste, fondateur des Fractions armées révolutionnaires libanaises (FARL) fut, pour la plupart des médias et le gouvernement français, l’ennemi public numéro un. Des mois durant, son visage de barbu farouche incarna la peur. En 1987, il est jugé pour complicité, dans l’assassinat d’un diplomate américain, et d’un diplomate israélien. Le gouvernement de l’époque (Chirac-Pasqua-Pandraud) a bien tenté de lui coller sur le dos les attentats aveugles de Paris, mais l’enquête policière a démenti ces accusations.

Son procès de 1987 est un psychodrame national, comme la France les adore. L'Etat souhaite évidemment le condamner à la prison à vie. Mais l'Etat tremble aussi des représailles dont on imagine que les FARL sont capables. Et puis, des otages français sont détenus au Liban. Aussi, l'avocat général de la cour d'assises, ancien procureur de la Cour de sûreté de l'Etat, implore la cou