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Libération
Interview

«La mémoire de 14-18 vient d’en-bas»

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L’an prochain, la France célébrera le centenaire du premier conflit mondial et les 70 ans du débarquement. Alors que des historiens redoutent une confusion entre les deux commémorations, Antoine Prost évoque la passion française pour la Grande Guerre.
Monuments aux morts à Revel (Haute-Garonne). (Eric Cabanis. AFP)
publié le 25 janvier 2013 à 22h41

L'historien Antoine Prost, professeur émérite de l'université Paris-I-Panthéon-Sorbonne, préside le comité scientifique de la Mission centenaire 2014 créée pour les commémorations de la Première Guerre mondiale. A ce titre, il joue un rôle clé dans les préparatifs d'un jubilé qui s'annonce d'une ampleur exceptionnelle. Il revient sur la passion des Français pour ce conflit et sur la récente polémique soulevée par la décision du gouvernement d'associer deux anniversaires au sens pourtant très différent - le centenaire de la Grande Guerre et le 70e anniversaire de la Libération et du débarquement en 1944.

Pourquoi la guerre de 1914-1918 intéresse-t-elle tant les Français ?

On aurait pu penser que la mémoire de la Première Guerre mondiale s’éteindrait progressivement. Or elle ne cesse de se faire plus présente et plus insistante. On assiste à une montée de cette mémoire dans l’opinion publique. Alors que ce n’était pas le cas il y a dix ans, je reçois souvent maintenant des courriels d’inconnus qui ont retrouvé les lettres ou les carnets de leur grand-père et me demandent qu’en faire. D’autres m’envoient un DVD avec la correspondance d’un grand-oncle qu’ils ont mise en page et illustrée avec des photos. La mémoire sociale et familiale de la Première Guerre mondiale est extrêmement présente dans notre société, avec toute une série d’interrogations sur le conflit.

Cela se traduit aussi par la création de nouveaux musées. Le premier qui y est consacré, voulu et réalisé par d’anciens combattants, est le mémorial de Verdun, dans la Meuse, in