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Libération

La dépression française

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publié le 30 janvier 2013 à 19h07

Le sondage Ipsos publié vendredi dans le Monde donne une image littéralement effrayante de l'état d'esprit des Français. On savait déjà, par de multiples enquêtes d'opinion, qu'ils battent des records de pessimisme et d'insatisfaction, qu'ils regardent leur situation de façon plus noire que des pays en guerre ou des nations en perdition.

On constate, d’étude en étude, que les Hexagonaux détestent la mondialisation, ont horreur du capitalisme (plus que les Chinois), désespèrent de l’Europe et sont persuadés qu’un déclin inexorable nous entraîne dans une chute sans fin.

La nouveauté de ce sondage est que la France présente de surcroît toutes les caractéristiques du populisme : forte demande d'autorité (87% pensent que la France a besoin «d'un vrai chef pour remettre de l'ordre»), rejet brutal de l'immigration, aversion de la religion musulmane, sentiment massif de dépossession, détestation du monde politique.

A lire ce sondage, la France n’est pas seulement décliniste, elle ne traverse pas une simple crise d’identité, elle est entrée en dépression et présente tous les signes d’une nation blessée, en proie à une terrible mélancolie, prête à suivre les pires démagogues. Une France en danger, et même en danger démocratique.

On pourra certes brandir d’autres sondages, y compris du même institut un mois auparavant, établissant aussi que 92% des Français sont heureux de vivre dans leur pays et que 66% croient encore que la France continue à jouer un rôle majeur dans le