Elle est longue la remontée vers le siège 156, au dernier rang de l'hémicycle. Mais ce mardi, Henri Guaino savoure cette distance, au milieu des bravos et des mains tendues. Depuis son élection en juin, ses pairs UMP n'ont pas fait de cadeau à l'ancien conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, ignorant ses interventions, raillant ses maladresses de primo-député, le reléguant comme tel au banc du fond, loin des ténors et des caméras. «Toute sa personne disait : "Je viens de l'Elysée", et c'était une erreur, raconte un habitué de l'Assemblée, Il faut avoir de l'humilité quand on entre ici.»
Henri Guaino a donné quelques gages, ralliant in extremis le camp Copé à l'automne. Et c'est lui qui a été choisi pour ouvrir le bal des débats sur «le mariage des couples de personnes de même sexe», héraut de la droite face à une Christiane Taubira bien campée. En remontant les marches, mardi, il a su qu'on ne le surnommerait plus «le fêlé» dans son propre camp. «C'était ma première grande intervention à l'Assemblée nationale,confie-t-il à Libération. J'ai beaucoup attendu. Il est difficile de parler et de se faire entendre ici.» Il a retouché son discours jusqu'à la dernière minute, au point de sécher une émission matinale à la télévision. En écrivant, il pensait à Philippe Séguin, plaidant pour le non au referendum de Maastricht en 1992 : «Le premier discours sur lequel j'avais travaillé, je m'étais promis de lui rendre homma