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Libération
EDITORIAL

Impro

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publié le 5 février 2013 à 23h07

«Il ne faut pas se contenter de dire de façon évasive, comme Robespierre, "des têtes vont tomber", il faut dire lesquelles et rapidement !» La diatribe assassine de Paul Quilès, lancée à la tribune du congrès de Valence où montaient les impatiences six mois seulement après la victoire de François Mitterrand, continue de hanter les meilleurs esprits socialistes et parfois de les inhiber. La gauche au pouvoir semble toujours prise dans la même tenaille politique, l'obligation morale de se distinguer en refusant toute chasse aux sorcières et l'urgence de confier à ses partisans les leviers du changement promis. Au-delà des choix, parfois controversés, de telle ou telle nomination ou au contraire de tel ou tel maintien décidés par l'Elysée, Matignon ou les ministres, le premier examen des «mobilités» révèle plusieurs caractéristiques de la gauche hollandaise au pouvoir. La première, c'est l'impréparation générale : malgré la victoire annoncée, le candidat socialiste et les siens n'avaient nullement anticipé, à de rares exceptions près, une politique ciblée de nominations, la recherche de talents, la constitution d'équipes soudées. Du coup, l'improvisation, l'excès de prudence ou l'incohérence furent souvent la règle. La deuxième caractéristique, c'est la dangereuse atrophie du vivier de la gauche, comme si la promotion Voltaire portait à elle seule la promesse du renouvellement et de l'efficacité. La gauche n'a pas su faire revenir les meilleurs des siens, partis dans l