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Libération
Interview

Malek Chebel : «L’islam doit revoir son lien à la politique»

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Malek Chebel, anthropologue des religions, philosophe algérien.
publié le 12 février 2013 à 22h38

Malek Chebel est anthropologue des religions et philosophe algérien. Enseignant dans plusieurs universités (Tunisie, Etats-Unis, Belgique, France…), il est aussi essayiste. Son dernier livre, Changer l'islam : dictionnaire des réformateurs musulmans des origines à nos jours, a paru fin janvier (1).

Au travers des débats sur la viande halal, le voile ou la burqa, estimez-vous que l’islam occupe une place trop importante dans le débat public ?

Oui, je crois qu’il existe un décalage entre la présence de l’islam dans le débat public et la représentativité réelle de son personnel religieux, en premier lieu celle des imams qui ne sont pas élus et qui ne peuvent donc pas prétendre à peser autant sur la vie démocratique. L’islam doit revoir de manière profonde son lien à la politique. On ne peut pas se réclamer de la charia pour lancer des fatwas et en même temps prétendre influer sur les règles politiques démocratiques. Mais c’est aussi vrai pour les représentants des religions chrétienne et juive.

N’y a-t-il pas aussi une instrumentalisation du sujet religieux par les politiques ?

Elle fonctionne dans les deux sens. Certes, l’islam est parfois utilisé pour formaliser des angoisses et les exploiter politiquement. Mais la religion est aussi exploitée par certains fondamentalistes comme fer de lance de leur vision très personnelle de l’islam. Je plaide depuis toujours pour une séparation entre le politique et le religieux. Aux politiques de rester aussi à leur place, sinon les représentants des religions trouvent des arguments pour s’attribuer des pouvoirs excessifs sur ce fondement de l’instrumentation de la religion.

D’ailleurs, vous dites souvent que l’islam est détourné et qu’une incompréhension se développe à l’encontre de cette religion…

Oui, l’islam est toujours observé à travers deux prismes : la sécurité et son étranget