Christiane Taubira ne s'y fait pas mais Jean-Marc Ayrault va devoir s'y faire. Ce vendredi, une petite délégation d'associations gays attend la garde des Sceaux sur les escaliers de l'Ecole nationale de la magistrature, à Bordeaux, où elle vient de parler réforme de la justice avec le Premier ministre. Qui s'avance dès qu'il aperçoit Zoé, une blondinette habillée d'un sweat-shirt arc-en-ciel, les bras chargés d'un gros bouquet de roses, persuadé d'en être le destinataire au nom du protocole. Raté, la petite messagère a été bien briefée, c'est à la dame que les fleurs doivent être dûment délivrées. Une poignée de parents homos sont venus lui dire leur reconnaissance après la bataille du mariage pour tous. Pendant onze jours à l'Assemblée, «vous avez tenu bon, merci pour tout, merci pour nous», lui glisse un des représentants, visiblement remué. Les fleurs et les félicitations émeuvent aussi la ministre. «J'ai mis ce que j'ai au service de nos valeurs. J'ai juste fait correctement mon travail. Ces gestes et ces mots me surprennent toujours», dit-elle.
Son visage se plisse, ses yeux clignent dans cette étrange mimique qu'on a découverte dans l'hémicycle, à la fois signe d'approbation et de plaisir. Elle partage ses lauriers : «J'ai eu le soutien incontournable et permanent du Premier ministre dans cette épreuve physique. Il a regretté de ne pas avoir nommé une garde des Sceaux plus athlétique mais il m'a envoyé beaucoup d'énergie», sourit-elle. Vincent