Le vieux monde politique, écrit Daniel Cohn-Bendit, serait celui des partis, «incapables de penser» le changement social «et encore moins d'y contribuer». Le monde nouveau pourrait être celui des «coopératives d'individus autonomes», capables de travailler à une «utopie plausible». Sauf que l'homme qui rêve depuis 1968 de réinventer la société y a lui-même échoué : l'expérience Europe Ecologie ? «C'est raté», convient-il. L'écologie comme un «moyen de rompre avec la logique partidaire» n'a abouti qu'à ce «jeu ridicule de la vie politique», où Eva Joly l'a disputé à Nicolas Hulot comme François Fillon le dispute aujourd'hui à Jean-François Copé.
La vie politique, selon lui, en est à ce que Gramsci décrivait comme le vieux monde qui ne veut pas mourir pendant que le monde neuf n'arrive pas à naître. Cohn-Bendit voudrait aider à l'accouchement de ce dernier. Le soixante-huitard, qui aura 68 ans au mois d'avril, ne renonce à rien. Il a certes décidé de ne désormais «plus briguer de mandat». Mais il rêve d'inviter Anne Hidalgo, Nathalie Kosciusko-Morizet et Cécile Duflot à une même tribune. Son pari est que le discours de ces éventuelles candidates PS, UMP et EE-LV à la mairie de Paris en 2014 aurait plus à se compléter dans un esprit «d'intelligence collective» qu'à s'affronter en de vaines postures.
Le révolutionnaire, qui a attendu d'avoir 39 ans pour voter pour la première fois, croit dur comme fer