«Il ne faut pas oublier que, je me trompe peut-être de quelques points dans les chiffres mais la tendance est celle-là, 5% des délinquants font 50% de la délinquance.»
Claude Guéant hier matin sur i-Télé
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C'est pavlovien, et cela fait plus de cinq ans que cela dure. A chaque fois qu'est abordé le thème de la récidive, l'UMP dégaine sa statistique fétiche. Hier, c'était au tour de Claude Guéant, ex-ministre de l'Intérieur, sur i-Télé : «Il ne faut pas oublier que, je me trompe peut-être de quelques points dans les chiffres mais la tendance est celle-là, 5% des délinquants font 50% de la délinquance.» Des propos entendus des dizaines de fois, le plus souvent dans la bouche de Nicolas Sarkozy, à qui l'on doit d'avoir popularisé cette statistique lors de la campagne présidentielle de 2007, et de l'avoir répété cinq ans plus tard, en 2012.
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Il ne suffit pas de répéter cent fois une statistique pour qu’elle devienne juste. Plus que sur la réalité de la délinquance en France, le chiffre de Guéant informe sur la manière dont peut naître une idée reçue, à partir d’une étude déformée et généralisée.
A la base, il y a une enquête sociologique sur les jeunes délinquants, menée en 2001 par Sebastian Roché. L'enquête s'appuie non pas sur les statistiques officielles, mais sur les témoignages anonymes de 2 300 jeunes de 13 à 19 ans questionnés sur leurs faits et méfaits dans des collèges et lycées de Saint-Etienne et Grenob