Menu
Libération
Interview

Jean Garrigues : «L’Intérieur et la Justice, c’est le yin et le yang»

Article réservé aux abonnés
L’historien Jean Garrigues analyse les relations souvent tendues entre les locataires des places Beauvau et Vendôme :
publié le 24 février 2013 à 22h26

Professeur d'histoire contemporaine à l'université d'Orléans, Jean Garrigues préside le Comité d'histoire parlementaire et politique (CHPP). Il est notamment l'auteur du livre les Hommes providentiels - Histoire d'une fascination française (Seuil, 2012).

Comment Christiane Taubira et Manuel Valls s’inscrivent-ils dans la lignée des couples ministre de la Justice-ministre de l’Intérieur ?

Il s'agit effectivement d'un couple traditionnel, au sein duquel le ministère de l'Intérieur dominait largement depuis dix ans. Or, au début du quinquennat, tout aurait pu continuer de même, car Valls est arrivé place Beauvau dans la foulée de la campagne présidentielle, où il avait joué un rôle important. Il affichait une image de fermeté appréciée des Français et un poids politique plus important que celui de Taubira, qui était pointée par l'opposition comme le symbole de la gauche «laxiste» et «irresponsable». Mais elle est aujourd'hui une icône en partie protégée par son nouveau statut.

Ce couple a-t-il une dimension atypique ?

Valls est à la base plus proche de François Hollande, mais Taubira vient de changer la donne et une partie du rapport de force, en portant avec succès la réforme phare du début de quinquennat. Elle incarne jusque dans son art du discours une sorte de nouveau Robert Badinter. L'un et l'autre ont une vraie force, politique et populaire, ce qui fait de ce couple un des plus équilibrés de la Ve République. Face aux tensions qui vont forcément venir, ce sera à eux d'imaginer un fonctionnement plus coopératif que ce qui a existé dans le passé.

Le locataire de la place Vendôme et celui de la place Beauvau répondent-ils à des profils particuliers ?

Bien souvent, le choix du ministre de la Justice se fait sur des cr