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Interview

«Hessel a réintroduit la morale en politique»

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Stéphane Hessel, l'homme d'un siècledossier
Michaël Foessel. philosophe, analyse le phénomène «Indignez-vous !» :
publié le 27 février 2013 à 21h16

Michaël Foessel est philosophe, maître de conférences à l’université de Bourgogne. Il analyse les ressorts qui ont fait de Stéphane Hessel l’icône de nombreux peuples et de toute une jeunesse.

Qu’est-ce qui a fait que Stéphane Hessel, soudain, a incarné l’image de l’indignation ?

Sa force, c’est qu’il portait son discours en lien avec son expérience. Dans une société où la plupart des discours sont mis en doute et considérés comme suspects, le sien était porté par une expérience, celle de la résistance notamment. Pour une fois, il y avait unité entre l’énoncé et l’énonciateur, figure historique, figure de l’engagement, qui avait pris des risques par le passé.

Sur le contenu de son discours, c’était autre chose. L’indignation, c’est une manière limitée mais salvatrice de réintroduire la morale dans la politique. Et ce, du point de vue des individus et pas des institutions, de ce qu’un individu peut éprouver face à l’état du monde. Alors que les sociétés sont très dépolitisées, retrouver la politique par le biais de la morale, cela parle aux individus. Ainsi, on ne sait plus très bien ce que c’est que la justice, mais, avec Hessel, on rentre dans les questions de justice par le constat de l’injustice.

Indignez-vous ! c'était une manière un peu paradoxale, sur le mode impératif, de dire : mettez-vous en colère ! Cela a rencontré un écho car on est habitués à regarder les situations politiques avec distance et ironie. Or, Hessel était un grand défenseur du sérieux. Il a symbolisé quelque chose d'une société qui ne veut pas être dans l'acceptation, dans la rés