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Libération
Interview

«Il parlait aux jeunes avec un langage très simple»

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Stéphane Hessel, l'homme d'un siècledossier
Martin Hirsch Ex-président d’Emmaüs France:
publié le 27 février 2013 à 21h16

Ex-président d’Emmaüs France, Martin Hirsch est à la tête de l’agence du service civique. Son grand-père résistant avait fondé avec Stéphane Hessel le club Jean-Moulin, des fonctionnaires qui voulaient résister à De Gaulle en 1958. Hirsch a rencontré Stéphane Hessel pour la première fois en 2002, dans une manifestation pour la paix au Proche-Orient.

«Il y a trois ans, il est venu lancer le service civique au théâtre du Rond-Point, à Paris, devant 900 jeunes. Avec un langage très simple, il leur a dit : "De mon temps, l'engagement s'imposait face à l'horreur [nazie]. S'il est plus difficile pour votre génération de trouver des raisons de s'engager, c'est tout aussi nécessaire."

«Mais le souvenir qui m'a le plus marqué, c'était il y a dix ans, lors d'un voyage en Israël et en Palestine avec Raymond Aubrac. Je me souviendrai toujours du moment où des soldats israéliens se sont mis à nous tirer dessus alors que nous étions à la frontière entre Gaza et Israël. "C'est quand même triste de penser qu'on tire sur un juif résistant qui vient défendre la paix", a-t-il dit. Et puis, comme d'habitude, il s'est mis à déclamer des poèmes. C'était sa façon d'entretenir sa mémoire, d'une précision qui contrastait avec son âge. On ne se voyait pas pendant six mois et il reprenait la conversation exactement là où on l'avait interrompue.

«Lorsqu'il parlait, il énonçait les mots en les détachant comme s'il était un acteur. Au premier abord, cela pouvait sembler impersonnel, mais c