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Libération
Interview

«Une vision du monde partagée entre victimes et oppresseurs»

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Rony Brauman à présidé Médecins Sans Frontières:
publié le 27 février 2013 à 20h16

Ex-président de Médecins sans frontières (MSF), professeur associé à Sciences-Po, Rony Brauman a débattu plusieurs fois avec Stéphane Hessel.

Partagiez-vous sa vision du monde?

J’ai beaucoup d’admiration et de respect pour le personnage de Stéphane Hessel et les épreuves du siècle qu’il a traversées, en revanche, j’avais du mal à trouver des accords profonds avec ses derniers engagements. Et notamment avec la façon dont il envisageait le rapport de chacun avec le monde, comme marqué de droits auxquels il fallait impérativement accéder. Mettre chacun en position de créancier vis-à-vis du monde et du pouvoir, ce n’est pas ma façon d’appréhender le fonctionnement de la société. A l’écouter, tout ce qui touchait aux mouvements sociaux passait au second plan par rapport à un panier de droits dans lequel il fallait puiser sans relâche. Et la manière qu’il avait de les présenter comme processus cumulatif et infini finissait par affaiblir certains droits réels au profit de plus discutables, le droit au développement par exemple. Il y avait là quelque chose de trop facile, une vision du monde qui revenait à partager celui-ci en deux, les victimes et leurs oppresseurs.

Et son combat en faveur des Palestiniens ?

Là encore, sur ce sujet, si j’étais bien sûr d’accord avec sa dénonciation de l’occupation israélienne des Territoires palestiniens, je trouvais la priorité donnée à ce conflit bien mal placée. Certes, les droits des Palestiniens sont piétinés, mais il y a bien d’autres pays où les droits des peuples sont piétinés, et parfois plus violemment encore. Pour m