Laurence Rossignol est cofondatrice du collectif la Gauche durable. La sénatrice PS de l’Oise considère que la crise doit être une occasion de réorienter l’Europe et d’accélérer la transition écologique.
Croyez-vous à un prochain retour de la croissance ?
On ne peut pas tout miser sur le retour de la croissance. Et si elle ne revient pas ? C’est quoi le plan B ? A la gauche de penser son utilité sociale, économique et politique dans un contexte de croissance durablement atone. Depuis trente ans, les recettes des libéraux pour faire face à la mutation de l’économie mondiale ont échoué.
Et quelles peuvent être les recettes de la gauche ?
La gauche a cinq ans pour réorienter notre économie : pour cela, exigeons des contreparties redistributives et des investissements d’avenir de la part des entreprises soutenues par l’Etat - et beaucoup le sont d’une façon ou d’une autre. S’il doit y avoir une «rigueur de gauche», alors elle se partage ! Incitons aux investissements pour un nouveau développement tourné vers la protection des ressources naturelles et recentré sur des produits durables, des circuits courts et un progrès technologique garantissant le partage des bénéfices du progrès.
La bataille est aussi européenne…
Les libéraux, en Europe, nous contraignent aux vieilles solutions. Nos créanciers peuvent nous faire sauter à la corde parce que l’UE ne s’engage pas, unie, dans des politiques d’investissements durables et d’interventions publiques. Nous avons besoin d’une vraie relance sélective à l’échelle européenne : la société de consommation n’est pas la société de demain. Repensons aussi nos politiques fiscales en