La tache brune est-elle indélébile ? Le 22 avril 2012 au soir, elle a surgi sur la carte de France, tout au sud, dans le Gard, seul département à avoir placé Marine Le Pen (25,51 %) en tête au premier tour de la présidentielle. Deux mois plus tard, l'avocat Gilbert Collard était élu député de la Petite Camargue (2e circonscription du Gard) sous les couleurs «bleu Marine». Dans les villages comme Gallician, son fief, ses électeurs exultent toujours. «Faut pas nous en faire toute une histoire… Gilbert, il est très bien ! Ici, on est vraiment chez nous maintenant», lâche Claudie, son enfant dans les bras. Décomplexés, renforcés dans leurs convictions par la victoire, les partisans du FN assument… quand ils n'osaient revendiquer leur vote à visage découvert il y a encore quelques années. Pour tous les adversaires de cette «honte régionale», le trauma électoral s'est traduit par une longue gueule de bois.
Mais voilà que, depuis le début de l'année, la société civile - une myriade d'associations, des citoyens, des élus de tous bords - mais aussi l'Etat sonnent le réveil. Trop d'atermoiements, trop de terrain lâché : l'heure est à la (re)conquête des esprits. A l'affirmation de valeurs comme la fraternité, la lutte contre les discriminations. «Des mots que l'on ne pouvait plus prononcer sans risquer d'être accusé de faire de la provocation et de porter atteinte au vivre-ensemble… Le monde à l'envers !» dit Marion Mazauric, fondatrice de